24/08/2010

Khold - Krek (Tabu, 2005)


Un album très shake your booty qui fit en son temps une concurrence éhontée à Satyricon au niveau du hit-parade norvégien. La preuve par a+b que le Black Metal peut être fun et groovy. Voir d'ailleurs les clips de Blod Og Blek et de Innestengt I Ei Kekiste.

Buy / FLAC

19/08/2010

Darkspace - Dark Space III (Avantgarde Music - 2008)


Ce qui est, à mon sens, pure miséricorde en ce monde, c'est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation tout ce qu'il renferme. Nous vivons sur une île de placide ignorance, au sein des noirs océans de l'infini, et nous n'avons pas été destinés à de longs voyages. Les sciences, dont chacune tend dans une direction particulière, ne nous ont pas fait trop de mal jusqu'à présent ; mais un jour viendra où la synthèse de ces connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité et la place effroyable que nous y occupons : alors cette révélation nous rendra fous, à moins que nous ne fuyions cette clarté funeste pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d'un nouvel âge de ténèbres.

Howard Philip Lovecraft.

Quel supplice, né ou appréhendé par la raison humaine, pourra jamais égaler en atrocité l'aporie ontologique de mourir broyé par le vide ?


Buy / FLAC

18/08/2010

Boris - Smile (Southern Lord, 2008)


Rhâ, cette jouissance infinie de se prendre un gros mur de son dans la tronche. Nostalgie de l'époque où les fabricants d'amplis ne les truffaient pas de matériels trop résistants pour les empêcher de saturer, et où la disto n'était pas une affaire de pédale(s).

Smile est un album tellement novateur qu'il brille par son conservatisme. A la vas-y-comme-je-te-pousse. Riffing rock "in-your-face" en toute simplicité, paroles débiles chantées avec une délicieuse touche de faux dans chaque note, grosse batterie pas étouffée pour un sou, le tout sur des amplis Orange qui crachent et soufflent à mort, enregistré en prise directe, au point qu'on croirait que toute la production s'est faite uniquement sur bandes magnétiques, en oubliant systématiquement de mettre la fin des morceaux et en séparant les pistes du CD n'importe comment, mais surtout pas là où ça paraîtrait logique.

Saupoudrez de guests alléchants (le compère O' Malley est de la partie) et servez cru, sans assaisonnement, c'est comme ça que c'est le meilleur.


En une phrase : Joyeux bordel.

Pour les amateurs de : Elvis, Philip Sayce Group, Led Zeppelin, Nirvana, Earth, Sunn O))), and so forth.


Buy

14/08/2010

George Duke - The 1976 Solo Keyboard Album



George Duke : figure géniale du jazz-fusion des 70's s'il en est, il fallait bien que j'en parle un peu ici. Généralement connu pour ses participations avec Zappa, Waits et le Miles Davis électrique seconde période, ses expérimentations aux clavier seront le terreau propice à l'avènement du "P-Funk"(ou "pure funk", la constellation éreintante Parliament/Funkadelic), et quand on voit un peu le matos que le bonhomme se trimballe sur cet album solo, y a de quoi avoir le vertige : guitare, piano, fender rhodes, mini-moog, wurlitzer, hammond, et enfin ARP synth ; je peux vous dire qu'on en s'en prends plein les mirettes. Comparativement au reste de son œuvre solo, cet album-ci a le mérite, avec quelques autres, d'être un sans-faute. Aucun déchet. Les sonorités sont délicieusement vintages, avec pas mal d'overdub, portées par un sens du groove propre à faire défaillir n'importe quel frigide. L'approche est complexe, très écrite, sophistiquée, mais on entre dans cet album comme on s'enfoncerait dans une crème glacée aux milles couleurs et textures différentes. Un vrai délice.

Acheter / FLAC

12/08/2010

Scorch Trio - Brolt (2008)



Ah Scorch Trio, probablement le meilleur power trio free-jazz/rock made in norvège à m'être passé entre les oreilles ces derniers temps. Cette fois-ci Helge Sten (Deathprod, Supersilent) s'occupe du mastering, quant à la démarche old school propre aux norvégiens, elle demeure inchangée : sans fard aucun ni overdub, enregistrement analogique 100% live, microphones vintages... Avec Raoul Björkenheim aux grattes et à la viole de gambe (? viola da gimbri ?), Ingebrigt Haker Flaten à la basse et aux triturations électronique ainsi que Paal Nilssen-love aux sections rythmiques, Brolt est la signature musclée et intense d'un langage musical totalement libre, très dur et brut de décoffrage, aux fulgurances et à la fièvre omniprésente. L'impact "émotionnel" (nous dirons : physique, tant le bidule avoine sévère) n'est, quant à lui, absolument pas en reste. Très clairement situé dans l'héritage d'Hendrix ou du Miles Davis électrique (Big Fun, Bitches Brew), Brolt déroule 6 improvisations à l'apeurante densité, aux idées se bousculant si vite les unes à la suite des autres qu'on ne sait même pas ce qui risque de tomber la mesure d'après. Dense, donc, et chaotique : de quoi renvoyer tous les groupes de War BM dans les jupons de leur maman. Tout juste reconnaît-on dans l'urgence de "Hys" l'esquisse nerveuse d'un rock anguleux reprenant sur sa phase terminale quelques couleurs bluesy, dans "Basjen" les belles mais inquiétantes modulations de textures d'une viole électrisée, sans oublier "Geba" et ses motifs saisissant de beauté atmosphérique... pour repartir dans l'incandescence la plus éblouissante et haletante. Loin donc de se complaire dans une catharsis à l'hermétisme fatiguant, c'est dans une résonance et une complémentarité des plus parfaites que le trio nous livre son témoignage le plus diversifié, complet, abouti (même si j'ai un faible indéniable pour l'éponyme), et, par voie de conséquence, le plus apte à traverser l'épreuve du temps.
Très, très chaudement recommandé donc.

Acheter / FLAC

11/08/2010

Hildegarde Von Bingen - Chants de l'Extase (1180)



Typiquement le genre d'enregistrements sur lequel proférer un mot tient de la souillure irrémédiable, tant les hauteurs spirituelles atteintes donnent le vertige, dans la plus pure conception musicale, artistique de Boèce et des esprits des cathédrales. La musique était alors pensée comme un domaine spéculatif à part entière, fondé par des données métaphysiques et organisé selon des applications mathématiques. Elle revêtait alors d'une dimension essentiellement cosmogonique, puisqu'elle exprimait dans ses développements, à travers l'harmonie, l'unité de ces chœurs monodiques s'élevant en gracieuses inclinations, cet idéal d'harmonie universelle - établie selon l'ordre des nombres par la raison divine - à partir de laquelle Dieu créa le monde, la course des astres dans le ciel, le changement des saisons, bref, l'unité de l'âme de l'univers... entendez par là qu'en tant qu'œuvre mystique, c'est à dire en tant qu'œuvre investie de la connaissance de Dieu, la composition des "Chants de l'Extase" élèverait, dans une pureté des plus ineffables, à la souveraine contemplation métaphysique. De la drug music raffinée à 98% quoi. Une vraie junkie cette Hildegarde, derrière ses airs de sainte nitouche.

Buy / FLAC

08/08/2010

Electric Masada - 50th Birthday Celebration Volume Four (2004)



Aka la version live, électrique et survoltée de Masada, un des projets de Zorn dans le goût "extreme klezmer free jazz". "50th birthday celebration" est l'initiative de Zorn pour fêter ses 50 années de carrière toutes entières dévouées à la cause du jazz, de l'expérimentation (douteuse le plus souvent) et du bordel sonore sous toutes ses formes. Aux sources de cette publication sur son label Tzadik, toute une série de lives enregistrés au Tonic en septembre 2003. Alors pour les malheureux qui connaissent pas, ruez-vous sur cette sortie. L'intensité et l'osmose entre les zicos sont telles qu'on se croirait débarqués en pleine tempête orgiaque, complètement hallucinée et irrésistible, bref, du free qui encule ta maman avec une classe folle, une finesse ébouriffante. Parmi les prestations les plus remarquables, une section rythmique touffue et hallucinante (Cyro Baptista et Kenny Wollesen), un Ribot complètement transfiguré et frénétique au feeling divin ("Idalah-Abal", "Lilin" sont des prodiges), un Zorn au sax' toujours aussi criard et déchirant, le tout habité par les bidouillages électroniques omniprésents d'Ikue Mori, ça vous fait un sacré creuset aux fulgurances renversantes. Impérial. Masada, un des projets au travers duquel l'excellence zornesque se manifeste avec la plus grande clarté et lisibilité. N'attendez plus.

Buy

Lull | Origami Arktika - Brook (Fario, 2001)



Entre l'Inquiétude. Le Grand rouge, fait mine de se lever. Au loin, le cyclone glougloute tendrement. Machine sommeille un peu moins.

FLAC / Sold-out.