30/12/2010

Silvester Anfang - Kosmies Slachtafval (2007)


Alors que tout le monde est en ce moment trop occupé à célébrer la nativité de notre suzerain et à jouir du faste orgiaque des festivités de fin d'année, j'introduis en lousdé un produit de contrebande belge qui saura satisfaire pour un temps les ardeurs des canailles pas encore assez rassasiées par les flots de liqueur au foi gras d'oie catholique.

De quoi est faite cette came? Deux longs titres qu'on pourrait traduire, si ce que l'on trouve sur le web est correct, par "Mon père était un loup et ma mère une pute" et "jam pour le jeune Satan", deux pistes coupées à la hache, pour environ 45 minutes d'une espèce de free folk bâtarde, de krautrock camé complètement hallucinant.

La pulsation omniprésente des percussions tribales et du tambourin s'occupe de donner le bon rythme et les bonnes couleurs à tout ce bordel de sonorités psychothropes, depuis les mantras de guitares -soutenues quelques minutes par les nappes d'un orgue assez discret- parfois aussi bavardes que leurs cousines moins consanguines d'Ash Ra Tempel, jusqu'aux drones planant dans lesquels résonnent de drôles de râles, hum. C'est plutôt sombre, louche, c'est même un peu crasseux comme petite cérémonie. Mais rien de bien méchant. On y prend très vite goût d'ailleurs. D'une justesse assez relative lorsque les grattes arrêtent un peu de baver leurs feedbacks magiques pour se concentrer sur des motifs plus mélodiques, c'est vrai.

Mais alors qu'est ce que c'est bon, une vraie bouffée d'opium frais. Un trip musical pas très sain improvisé par des freaks rigolos qui ont du pas mal carburer à l'Amon Düül en poudre. Une régalade pour tout les pervers qui moussent à la lecture des mots "rituel" et "occulte". Ah oui, en parlant de pervers: Matez-moi un peu cette pochette. Ceux qui comme moi ont apprécié le "Silver Apples" dont a parlé Arlie devraient peut-être aussi y jeter une oreille.

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17/12/2010

Wraiths - Plaguebearer (2007)



Au dos du boîtier une citation issue de Matthieu, 23:33 : "Ye, serpents, ye generation of vipers, how can we escape the damnation of hell ?". A l'intérieur, une illustration montrant un humanoïde mi-bouc mi-humain, capé et coiffé façon troubadour, bombarde brandie, chevauchant un sanglier museau au contact d'une jolie petite crotte... d'entrée on est prévenu : ça va être nihiliste, ésotérique et nauséeux. Une fois écouté, force est de constater qu'on était encore loin du compte.

Derrière Wraiths se cachent deux britanniques, dont Dan H., a.k.a Gaendaal le type à la tête des Sigillum Dei et Leviathan/LVTHN, et un autre dont j'ignore tout. Deux maîtres de cérémonies qui, pour chacune de ces performances lives, captent les infras-ondes de l'au-delà afin de mieux vous broyer, lentement, méthodiquement. Ça prête à sourire ? Cette petite horreur vous le fera ravaler.

Car Wraiths se la joue chaotique. Claustrophobe. Manipulateur d'un matériau sonore rêche, décontextualisé, obtenu non par le biais de latpop ou de synthétiseurs, mais provenant de "found & re-structured equipment, location acoustics and human vocals". Entre death industriel et ambient ritualiste analogue à un MZ.412 croisé Brighter Than Death Now, si l'on veut.

Tout commence par des boucles grondantes, vrombissantes, fluant et refluant tel un Léthé aux remous tumultueux, traversé par un rythme sourd, irréel, leitmotiv invoquant par ses frappes un dévoilement dont on redoute l'advenue. Puis des résurgences vocales typées BM se font entendre, s'éploient en diffractions, fusionnent avec cette fournaise, ce maelström qui d'abord s'épanche en filets discontinus, sournois, puis s'amplifie peu à peu en couches rugissantes. Ces ressacs distordus, mortifères, prennent alors l'allure d'une respiration monstrueuse, sourde et difforme, d'une onde arrachant, emportant tout sur son passage : le souffle de la mort ? Quoiqu'il en soit, ces mouvances informes ne se privent ni de quelques siphons white-noise éreintant, ni de sonorités acides... qu'il est épuisant de maintenir la tête hors de l'eau, quand nos chevilles sont tirées vers le fond...

Et dans ce sein à la texture dissolvante, des signaux de sondes errantes, solitaires, se devinent, lointains échos perdus dans les profondeurs... "To Corrupt The Water of Léthée", "Ghoulsong" sont excellentes, lorsqu'elles modèlent, à même ces boucles magmatiques, des phénomènes sonores glaciaux, spectraux, surnaturels venus les envelopper, les sublimer en litanies, transes monstrueuses berçant notre esprit complètement dissout, aux portes de l'oubli, écume aux lèvres et cerveau sur le carreau... t'entends jeune pédé ?! only the strong survive. Limité à 500 exemplaires.

15/12/2010

Silver Apples - Silver Apples (1968)



Quand je suis décidé à replonger un peu dans mes premières amours du psychédélisme des sixties, ça donne entre autres Silver Apples, duo formé de ces bien braves New-yorkais de Simeon Cox II et Danny Taylor, noms que vous aurez déjà oublié à la ligne suivante.
Fis des structures rock habituelles, d'éventuels chorus grotesques sur guitares inflammables. Ils s'étaient plutôt décidés, les salauds, à faire dans le minimalisme et l'électronique primaire sur des machines home made. Envoyant de gros clins d'œil à ce qu'allaient faire ensuite les krautrockers allemands, ils livraient en 1968 leur premier album éponyme fait de mélodies bancales, de nappes d'oscillateurs interminables, de quelques samples hors-sujet et de voix complètement perdues dans le brouillard sur ces rythmes de batterie qui n'en démordent pas dans la démence... Avant de littéralement se crasher en 1969, descendus par la Pan-Am, laquelle ayant modérément apprécié la première couverture de leur second album. C'est pas grave vu qu'ils avaient quelques années d'avance sur leur temps. A écouter 4 ou 5 fois de suite pour rendre le matraquage efficace.

Pour ceux qui aiment : the United States of America, la musique psychédélique, un zeste de minimalisme, la possibilité d'une cousinade avec le krautrock, la bonne époque où Pluton était une planète.

Il existe aussi une compilation contenant cet album et le suivant de 1969.
Et dépucelage réussi, je l'espère.

Mayhem - Life Eternal (Saturnus 2009)


In 1991, Euronymous contacted me to replace Dead on vocals in Mayhem. This album contains the rough mixes of five songs from the original "De Mysteriis Dom Sathanas" recordings. After the murder of Euronymous in 1993, everything was totally fucked up and I lost all contacts with the band. I had already returned to Hungary when I read the shocking news. My own life was heavily affected by that crime. I got lost in my confusing thoughts and mutated into a drug addicted living corpse for some time. Meanwhile the album turned into a bestseller and made some fat third party businessmen rich. Whatever had been agreed upon back then, truth is that I never received any royalties from this recording. I was crawling along the streets of Budapest locked inside my imprsoned brain, I felt punished by my dark fate and often thought of suicide. My whole hated life seemed twisted upside down. The only thing left in my hands from that recording was just a tape. It was only those first five songs from a rough mix. I had recorded them for myself in the studio at the time. I have been listening to that tape many times before I received my first copy of the CD some years later. This is how "De Mysteriis Dom Sathanas" was supposed to sound, before the album got remixed after the murder of Euronymous. 15 years have passed now and again I am the vocalist of Mayhem. Sometimes I still put that old tape on and listen to those five tracks, which are always bringing back very strong and dark emotions? As I have recently started my own small label, I am now able to share these feelings with the most die-hard Mayhem fans. It has cost me years of fighting to get the necessary rights for this release, which is strictly limited to 3000 copies. Here they are : five songs that once meant the world to me.
... In 1991, Euronymous asked me to replace Dead on vocals in Mayhem...
I would like to dedicate "Life Eternal" to both of them and to the Mayhem clan, to whom I owe that my life became so deeply involved with music !

En 1991, Euronymous me demanda de remplacer Dead en tant que chanteur au sein de Mayhem. Cet album contient les mixes originaux de cinq morceaux extraits des premiers enregistrements de "De Mysteriis Dom Sathanas". Après le meurtre d'Euronymous en 1993, tout était complètement foutu en l'air, et je perdis tout contact avec le groupe. J'étais déjà rentré en Hongrie quand j'appris l'horrible nouvelle. Ma vie en fut profondément affectée. Perdu dans des pensées inextricables, je m'étais transformé en une sorte de mort-vivant toxicomane. D'une manière ou d'une autre, l'album s'avéra un bestseller et engraissa quelques businessmen inconnus. Quels qu'aient été les arrangements passés à l'origine, la vérité est que je n'ai jamais reçu de royalties pour cet enregistrement. Je rampais dans les rues de Budapest, enfermé dans un cerveau lui-même emprisonné. J'avais l'impression d'avoir été châtié par un destin cruel, et je pensais souvent au suicide. Toute cette vie que je haïssais avait été foutue sens-dessus-dessous. La seule chose qui restât dans mes mains de cet enregistrement, c'était une simple cassette, ces cinq premiers morceaux issus d'un mix direct. À l'époque, je les avais enregistrés pour moi-même au studio. Je les avais écoutés un grand nombre de fois avant de recevoir ma première copie du CD, quelques années plus tard. C'est ainsi que "De Mysteriis Dom Sathanas" était supposé sonner, avant que l'album soit remixé suite au meurtre d'Euronymous. 15 ans se sont écoulés depuis, et je suis à nouveau le chanteur de Mayhem. Parfois, je me repasse cette vieille bande pour réécouter ces cinq morceaux, porteurs d'émotions très puissantes et très sombres. Ayant récemment fondé mon propre petit label, j'ai maintenant la possibilité de partager ces émotions avec les plus puristes des fans de Mayhem. Cela m'a coûté des années de combat d'obtenir les droits nécessaires à la production de cet album, que j'ai décidé de limiter à 3000 copies. Les voici : cinq morceaux qui, à une époque, valaient toute ma vie.
... En 1991, Euronymous me demanda de remplacer Dead en tant que chanteur au sein de Mayhem...
Je souhaiterais dédicacer "Life Eternal" à chacun d'entre eux, ainsi qu'au clan de Mayhem, auquel je dois de m'être trouvé si profondément engagé dans la musique !

Attila Csihar

10/12/2010

Murmuüre - Murmuüre (2010)



Alors là les mecs, accrochez-vous à vos slips, car question enregistrement tordu ça se pose là. A l'heure où Burzum chie dans la colle avec un dernier album merdique au possible, Murmuüre vous sort l'enregistrement BM le plus COOLOS de l'année. Désinvolte mais irréductiblement louche et douteux, transversal quoiqu'intègre, viscéral MAIS viral sous toute ses coutures - comme d'un poison hallucinogène, faussement glucosé quoiqu'indubitablement kitschoune, directement injecté dans ta veine jugulaire, aux effets aussi contradictoires que guts on da'table : langueur, nausées, extase, frénésie, rictus fendant ta face gazéifiée façon bouillie cosmique (spiralée, la bouillie) dans l'aube scintillante des boucles synthétiques (les "Torch Bearer" et "Disincarnate", saisissants). Ouais, rien que ça et bien plus encore ; Murmuüre, c'est avant tout une ode à l'onirisme parasitaire et dispersif, lo-fi tourneboulant tes neurones à grands coups d'ondes écharpées et de claudications rythmiques. Et ça fait du bien. Vraiment.

Non mais matez-moi st'allure ! D'la riffaille fuzzy, texturée, fruit d'improvisations, lambeaux disjoints et décharnés se superposant en d'improbables couches, qui à leur tour laissent émerger de monstrueux embryons mélodiques ; une distorsion âcre et retorse, crachin dissolvant ; des cuts dans tout les sens venus rompre les schémas d'écoute conventionnels ; un pianotage ambient mélodique (Eno potache et teenage s'excitant sur du matos déglingué) baignant ce météore noisy de piscines d'arc-en-ciels baveux ; sans oublier ces plans de batterie chaotiques (tantôt BAR, tantôt live) et de guitares, enregistrés séparément à des moments et/ou dans des lieux différents, qui viennent se compénétrer dans une orgie sonique goulue, onirique, psycho-foutraque (pour ne pas dire capharnaümatraumatique) complètement barge ! Chacun de ces éléments se fond, fusionne et se reverse l'un dans l'autre dans une intégrité et une densité psychédélique à nulle autre pareille, imprévisible, incontrôlable, tour-à-tour abstraite et charnelle (et charnue, ô combien ! la couenne est épaisse et généreuse). Ça ne ressemble à rien de connu, la typicité sonore est totale, la singularité itout.

Et ce patchwork insaisissable, overdubbé à ras-la-gueule (je sais pas comment le gus s'est démerdé pour lier toussa en un tout écoutable et cohérent, mais chapeau) regorge de moments épiques, il y en a même à foison ! genre l'intro flûtée de "Primo Vere", suivie d'une litanie vocale équivoque se modulant peu à peu en aigües électriques, "Améthyst" et ses vocaux surplombant l'épilepsie sonore, l'"Adieu au Soleil" dans l'intégralité de ses 6 minutes surréalistes et fiévreuses as fuck, qui inverse la pesanteur dans une déflagration ritualistico-BM te propulsant cul par dessus tête dans l'espace multicolore, parmi les poissons fushias têtes-de-mort et les baobabs célestes... obsédant, obsessionnel, impulsif et compulsif, rituel et bancal, WTF² et plus entier que ma caboche après ma cortectomie routinière, nul doute qu'après avoir pondu un truc pareil, ça sera dur de maintenir la barre au top niveau... car pour un coup d'essai (oui oui), c'est bel et bien un coup de maître.

Buy or die / FLAC

09/12/2010

Laibach - Let It Be (Mute Records, 1988)




We're more popular than Jesus now.


07/12/2010

Bosse - Echoes of the Forgotten (2008)


Voilà un exercice qui s'annonce délicat: Parler d'une oeuvre aussi profondément douloureuse qu'elle est dépouillée sans faire preuve de trop d'impudeur ni de pathos excessif. Et ce serait lui faire outrage de ne pas s'en garder.

Car ici, si les larmes coulent, elles sont rares, et aussitôt absorbées par les draps d'une alcôve ou le sol d'un caveau. Plus froidement, un album d'avant-folk très minimaliste qu'on qualifiera de particulièrement intimiste. Qui respire le deuil de la première à la dernière des six pistes, mais sans pompe. Ici, pas de déchirements larmoyants, pas de poses indiscrètes, pas d'affliction sonore et éhontée, de nonchaloir amoureux, de cynisme amer ou de pleurnicheries calculées. Expression presque austère d'une douleur secrète et repliée sur elle-même.

Et il est difficile pour quiconque ayant un coeur au milieu du poitrail de ne pas être troublé par cette ruine poussiéreuse aux résonances étrangement humaines, manifestation sonore du désespoir, ces progressions d'arpèges lentes et obsédantes, ces lignes mélodiques languissantes et décharnées, élancements d'une âme peinée asservie au Souvenir, ou qui se sait à jamais effacée des mémoires, motifs monotones qui figurent les épanchements venimeux d'un esprit abattu par l'Absence, répugnante tortionnaire qui s'applique à bercer l'apathique de drones éthérés et pénétrants pour l'engourdir un peu plus et, lorsque la douleur se fait torpeur, quand les passions morbides se refroidissent, lui souffler à l'oreille les échos fantomatiques, les plaintes sans fin de ceux qu'elle a ravi et qui reposent dans l'oubli.

Acheter ici.

01/12/2010

Terry Bozzio and the Metropole Orkest - Chamber Works (Favored Nations 2005)






À vingt-et-un ans, Terry Bozzio, recruté par Frank Zappa, était le premier batteur à jouer le cauchemardesque The Black Page. Personnage à part dans le monde de la batterie, il est l'un des pionniers et seuls représentants du symphonic drumming, style de jeu consistant à accorder les éléments de l'instrument entre eux de manière à s'en servir à la façon d'un clavier ultracustomisé. Il développe la technique jusqu'à la folie, transforme son kit en orgue de percussions, et enregistre plusieurs albums drums only en solo ou en duet avec Chad Wackerman (puis en trio avec le même et Marco Minneman). On trouve presque toujours, dans la construction du morceau, comme une signature, une structure relativement similaire : une formule rythmique de base (généralement déjà relativement complexe) tenue par les grosses caisses et cymbales charleston, sur laquelle viennent se greffer des phrases mélodiques de plus en plus complexes, alternant ou superposant rototoms et cymbales chinoises.
En 2003, sur la proposition de Co de Kloet, Martin Fondse adapte certains des meilleurs morceaux solo de Terry Bozzio pour y adjoindre un orchestre de chambre. Ce sera le Metropole Orkest, des Pays-Bas, dirigé par Dick Bakker.
Les fans de Bozzio ayant écouté son Drawing The Circle regretteront peut-être qu'un seul titre soit réellement inédit, mais la présence de l'orchestre apporte suffisamment pour susciter l'intérêt, même pour des pièces que l'on connaît déjà par cœur. Les non-batteurs, même peu intéressés par l'instrument en temps normal, seront surpris de pouvoir l'apprécier si facilement. Le jeu du grand émacié, déjà tout en souplesse et en légèreté (il en faut pour manier un tel bidule !), est carrément soulevé, flotte au-dessus des eaux.
Adapter une série de soli en concerto pour batterie et orchestre aurait pu sembler insensé. Force est de constater que ça marche. Terriblement bien.

En une phrase : "Combien de percussionnistes, tu dis ?"

Pour les amateurs de : Frank Zappa, Magma, et de bandes sonores de films d'aventure.

Buy / FLAC