11/04/2011

The Golden Sores - A Peaceable Kingdom (2009)






















Cette musique est un joyau. Une pierre dont la contemplation absorbe le regard de son blanc mat, plein, ivre d'anonymat. Telle l'étendue d'un ciel qui, contemplé par les mortels cheminant sous lui, s'ouvre à eux comme d'un écrit que ces derniers lisent, imitant la richesse de l'infini; telle cette musique s'ouvre à nous, et en nous étend ses voûtes nues, bruts et massifs horizons. Mais ces cieux sonores, sont-ils riches ? Oui : car lorsque s'efface l'azur, le bleu simple, voici paraître leur mat (qui ressemble à du jade), tel du minerai - signe de la richesse. Ainsi The Golden Sores table moins sur le rythme, le souci de la mélodie, la structure interne, organique, que sur la création de tons et de textures, sur la formation d'une matière sonore brute, massive, bloc indivis de calme éternité, pour véhiculer ses incroyables épiphanies, son idéal d'une force pleine, à telle point discordante et dilacérée qu'elle confine à une forme d'intensité mystique qui éprouve, consume l'individuation, modèle à son image l'homme qui la reçoit. De telle sorte que, s'établissant sous les voûtes cristallines de ce sanctuaire fait sons, il en contemple le riche éclat, pour mieux y déchiffrer les signes, veinés de reflets bleus... jade ou pierre de lune ? Quoiqu'il en soit, les flux et les reflux de ce sublime en lambeaux laissent hagard, étranger à soi. Comme si le voile de Maya flottait, déchiré, sous nos yeux ébahis, desquels sourdent les larmes face à la pureté de la donation, face à l’évidence indubitable d’une charge débordante, engorgée de sacré qui de toute part assaille, submerge, transfigure. Le modus operandi est le suivant : une convergence ahurissante de drone-guitares écorchées vives, gorgées d'effets (fuzz, sustain et tout le tremblement), qui se superposent en multiples couches, donnant d'abord l'impression d'un vent descendant, puis, à mesure qu'il gagne en puissance et s'enrichit d'harmonies simples et belles, se transforme en nuées ascendantes qui s'élèvent, et toi avec elles, vers les confins. On se retrouve alors immergé dans un magma sonore statique, où l'on discerne strates par strates chaque tons créés par des guitares généralement portées dans les aigus, où miroitent en fond les reflets cosmiques d'un synthétiseur alternant pulsations sourdes, graves, profondes,(The Awful Rowing Toward God), et nappes limpides, translucides, d'un space ambient me rappelant un peu Paysage d'Hiver (Klonopin), tant et si bien qu'il devient difficile, au moment où tout ce beau monde se confond, de différencier qui fait quoi où et comment, mais peu importe, on se laisse bercer, béats et sereins, par ces nuages en pierres de lune, drones à la beauté crue, déchiquetée. Ce "Peaceable Kingdom" c'est la plénitude inhumaine d'un son qui se suffit à lui-même et qui, en se dévoilant, rayonne et baigne tout d'une saturation magnifique. Ceci est un album essentiel, bouleversant, que l'on veille nuit et jours, excès de chant aux lèvres...

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