31/01/2011

Thelonious Monk Quartet Featuring Johnny Griffin - Complete Live At the Five Spot 1958


Les ouvrages sur le jazz sont assez rares pour être soulignés, encore plus quand ils sont français, avec Une Anthropologie du Jazz par Jean Jamin et Patrick Williams. A défaut d'être exhaustifs (ce qui ne fut pas dans leurs intentions), ils y abordent foule de points sur le jazz, de sa création à sa diffusion, avec différents écueils à traverser (notamment dans ces sections sur Billie Holiday ou Django Reinhardt, très intéressantes) qui sont aussi prétextes pour nous lecteurs de saisir un peu les private jokes et anecdotes qui se cachent derrière bien des pistes et albums.

J'ai un peu de mal à quantifier l'influence qu'avait Thelonious Monk sur ce qui était diffusé de sa musique. La foire d'enregistrements trouvables sur le net comme dans les bacs a tendance à vite éparpiller l'auditeur au milieu de disques dont il ne sait pas si ce sont de bêtes compilations sans cohérence comme on en voit trop (cf. la pléthore de doublons sur RYM), ou des travaux de regroupement dont on peut saluer l'initiative et le producteur.
Ainsi, entre un Line-Up avec Coltrane et un autre avec Charlie Rouse, Monk forma un quartette avec Johnny Griffin pour plusieurs mois au Five Spot de New York, que j'ai pu découvrir dans l'ouvrage sus-nommé :

"Les séances enregistrées live par le quartette de Thelonious Monk (avec Johnny Griffin au saxophone ténor, Roy Haynes à la batterie et Ahmed Abdul-Malik à la contrebasse) au club Five Spot à New York en 1958 sont d'une remarquable acuité et lisibilité : elles doivent sans doute autant à l'intelligence du producteur et de l'ingénieur du son, respectivement Orrin Keepnews et Ray Fowler, qu'à la bonne acoustique de la salle qui ne réverbère ne ne déforme la production des harmoniques [...] Cela est d'autant plus remarquable que ce sont les premières prises de son effectuées en club - et ce à l'aide d'un matériel professionnel (Ponzio & Postif 1995 : 207) - du quartette de Monk, où l'on perçoit en outre les réactions, les conversations et les allées et venues du public. Il suffit d'écouter l'extraordinaire solo de Monk sur Bye-Ya et les accords qu'il plaque, parfois à contretemps, sur les octaves supérieures du clavier, montant progressivement en dissonance, ou encore la manière dont il fait sonner son instrument comme un carillon derrière les chorus de Johnny Griffin sur Rythm-A-Ning." ( page 272-273, note 20)"

On peut aussi trouver ce double CD (réédité par Lonehill Jazz) sous les noms des galettes Thelonious In Action et Mysterioso, certes un peu dégarnies car plus anciennes...
Et si l'on ne connaît pas Monk, voici ce qu'on pourrait éventuellement en dire : parmi les créateurs du bebop, à l'esthétique unique, occupant l'espace sonore comme personne avec son jeu stride et ses constructions rythmiques comme mélodiques à en faire pleurer les vieux cons puristes de l'époque, travaillant le son et le silence l'entourant comme c'est trop rarement fait depuis 30 40 ans. Véritable ovni impossible à imiter, il illustre peut-être le mieux le fait que le jazz ne soit qu'une série d'erreurs et de fausses notes.


Part 1 | Part 2 (320kbps) mis à jour

1 commentaire:

  1. J'ajouterai à propos de Monk et des fausses notes qu'il lui arrivait de s'arrêter de jouer en plein milieu d'un morceau et de s'excuser d'un "a wrong mistake" parce que la fausse note qu'il venait de jouer ne rentrait pas dans ses intentions.

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