26/03/2010

Guapo - Five Suns (2004)



Daniel O'Sullivan vient de rejoindre Ulver, il est donc temps de s'attaquer à son principal projet. Attention, Guapo n'est clairement pas un petit morceau. On retrouve ici un peu de la grandiloquence psychédélique de Blood Inside, ainsi que son ambiance "hôpital aseptisé", la production de Five Suns étant volontairement exempte de toute chaleur. Five Suns pt. 4 jouit d'un groove insensé et irrésistible qui saura probablement vous ouvrir quelques shakras, tout ça sur fond de nappes monochromatiques bavées par des amplis bien énervés comme il faut. La folie de l'album, indéniable, est d'autant plus inconfortable qu'elle est enfermée dans une volonté de précision et d'élégance formelle presque suffocante. Emotionless, déshumanisé mais aussi épique et transcendant, Five Suns n'est sûrement pas destiné à tous les goûts. C'est en tout cas un un grand-huit formel proprement et salement hallucinant.

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23/03/2010

Bogus Blimp - Cords.Wires (2000)



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Bogus Blimp - Men-Mic (1998)



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The Ruins of Beverast - Rain Upon The Impure (2006)



Des méandres du passé, que pleuve sur l'homme toute la colère du ciel et de la terre ! 7 pistes. 14 minutes en moyenne, hormis les deux interludes. Meilenwald, ex-Nagelfar, sonde les âges obscurs sur près d'une heure et demi, érige sa cathédrale intemporelle, chthonienne, toute droit sortie de la tourbe et de la vase. Ses arches, vastes et écrasantes, balayent un vaste champ d'expérimentations immersives. Gloire ! gloire au mixage permettant à chaque rajouts d'apporter en toute clarté leurs moiteurs à l'édifice, gloire aux blasts et à leur parfaite assimilation au corps du propos, gloire au grain sonore de ces guitares, impénétrable, massif, minéral quoique fluide, sans pour autant verser dans l'inintelligibilité abrutissante ! Leurs notes sont des scories ; leurs maintiens, leurs dos massifs qui se haussent puis se fondent tour à tour, le lit d'anciens fleuves charriant le sang des âges et des époques, dont les courbes et les méandres engourdissent, emportent ; incarcèrent, aussi. Car une telle morgue grinçante ne saurait se passer du huis clos. Ainsi, alcôves et samples au stupre féminin, de là, cloches, chœurs religieux résonnant de cloîtres en ruine, ici, mid-tempos où l'esprit patauge et se noie dans ces catacombes immémoriales, souterrains aux mélodies rasantes et millénaires, rehaussés ça et là de discrets liserés ambiant. Las ! comment vous parler de ces solos gorgés d'effets, subsoniques, glauques et hallucinatoires ! On ne peut pas, alors on se contente d'écouter : de contempler. Pareille architecture, aussi imposante et apeurante soit elle, renferme toutes les ivresses du monde ... pour peu que l'on perce l'obscurité qui l'habille, comme de celle drapant le linceul du Temps.

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20/03/2010

Angelite & Huun-Huur-Tu - Fly, fly my sadness (1996)



Pour le dire d'entrée, c'est un album excellent et il faut l'écouter. Pour dire deux mots sur les albums traditionnels: celui-là a l'avantage de balayer les soucis d'authenticité et d'altérité certifiée puisqu'il rassemble des chanteurs de gorge Tuvan (au nord de la Mongolie) avec un ensemble choral bulgare (ça fait donc au bas mot 3000 km). Vous ne connaissiez sûrement que l'ensemble du Mystère des Voix Bulgares et ça ne changera pas, c'est les mêmes. De cette prestigieuse rencontre internationale ressortent des harmonies vocales de toute beauté bien évidemment et une musique généralement profondément émotionnelle et dronesque qui hérisse le poil et réchauffe le coeur. Et puisque les métaphores me manquent, je vous laisse à votre écoute.

19/03/2010

Joe McPhee - Nation Time (1971)



Paraît que vous voulez du jazz, alors j'en donne aussi. Mais McPhee c'est pas que du jazz, Mcphee c'est du grooooove et de la soouuuul, du vrai, qui fait danser et donne le tournis. Jazz-funk donc, mais qui en cette année 71, fait plus que simplement border sur le free-jazz. La danse du scorpion, troisième titre, est une danse qui y succombera totalement. Y'a rien à préparer, les 18 minutes de l'eponyme sont là pour ça, avec solos à trouer les murs, un thème principal qui demande rien du tout et t'attrape au lasso pour te traîner dans les percussions (ce passage de la 10e quoi) et te couvrir d'énergie vitale. Une fin géniale en roue-libre post-bop qui se transforme en Shakey Jake, percussioniste additionnel à l'appui, histoire d'ajouter encore du groove, avant que Joe et l'altoïste Otis Green viennent danser et enlacer chacun un fil qui sort de leurs sax autour de ton corps. Toi tu fais toujours rien, tu te contentes d'avoir le volume bien haut et tu te gargarises de musique. McPhee n'a jamais décroché de gros contrat, mais ça change rien au fait que ce type était (et est toujours) un des plus grands musiciens et compositeurs jazz. Démentiel.

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17/03/2010

John Coltrane -The complete 1961 Village Vanguard recordings (1997)

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FUCK YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Pour vos beaux yeux, la box 4cd's absolument essentielle, aussi bien pour les afficionados de Coltrane que pour les futurs bénis désirant découvrir l'artiste sans trop y laisser leurs plumes, et comprendre l'essence d'un art, celui d'un jazz cathartique et salvateur. 4 soirées live au Greenwich Village, dont les traces, autrefois disséminées sur une poignée de cd ou de compilations posthumes, se trouvent réunies ici même, dans cette box. 4 heures. 4 heures incandescentes d'un free jazz à l'intensité sans équivalent, joué par ce que nous savons être le futur quartette classique (Coltrane, Tyner, Garrison, Elvin Jones), en plus de quelques alliés, dont Éric Dolphy, Reggie Workman, Roy Haynes, Garvin Bushell et Ahmed Abdul-Malik, rameutés pour l'occasion. 4 heures où les titres, réinterprétés au jour le jour, s'embrasent, illuminent de leur fulgurances, où l'intuition inépuisable, la douleur, le talent et la générosité se toisent d'égal à égal. Nécessaire, tout simplement : le jazz selon Coltrane n'aura plus aucun secret pour vous.

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15/03/2010

Arktau Eos - Mirrorion (2006)



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Chef d'œuvre. Bafouilles à venir.

14/03/2010

Aeoga - Zenith Beyond The Helix-Locus (2005)

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Damn. Ok, ça rigole plus maintenant. Le ritual ambient vaut ce qu'il vaut, avec tous ces essais répartissant aléatoirement coups de cuivres sur nappes D.A de facture douteuses, par dessus quelques déclamations de drogués faisant s'entrechoquer ossements et tinter coups de clochettes pseudo-mystiques. Puissance pet de mouche et bâillements garantis; l'électro-acoustique nécessitant une rigueur toute particulière dans l'agencement, la spatialisation et la pertinence du bouzin. Ouais. Sauf qu'ici on a pas vraiment envie de faire le malin, tant "Zenith Beyond The Helix Locus" torche sa maman de puissance, d'hallucination et de richesse. Rien d'étonnant me direz-vous, à ce qu'on retrouve ce bon vieux finlandais Antti.H aux manettes, tête pensante des Halo Manash et autres Arktau Eos, groupes leaders du genre s'il en est. Toute description de ce petit bijou, subsonique, ovni-esque, élémental et a-mélodique serait difficile, tant les univers distillés s'imposent d'eux même, avec une poigne et une luxuriance instrumentale rare : les drones multiples étourdissent aussi sûrement l'auditeur qu'ils le font plonger en transe ; s'y mêlent organiquement nappes de Dark ambient, profondes, surnaturelles, et autres sonorités acoustiques à la provenance non identifiée. Les quelques baisses de régime vers la fin n'entachant en rien les premières pistes, l'essayer, c'est l'adopter (donc l'acheter), assurément. Encore une excellente sortie d'Aural Hypnox.

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12/03/2010

Univers Zero - S/T (1313) (1977)

http://www.univers-zero.com/albums/covers/First_Lp_1.jpg

Leur début est peut être un poil moins bon, mais UZ a le chic pour entrer en matière avec une piste mémorable. Les violons de "Ronde" vous laisseront un souvenir impérissable je pense.

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11/03/2010

Univers Zero - Heresie (1979)

http://www.univers-zero.com/albums/covers/Heresie_Madrigal_1.jpg

L'orchestre réduit à 5 hommes ne démérite pas. Jamais Univers Zero ne se sera fait aussi sombre, occulte, pernicieux et froidement méthodique. Peut être l'œuvre la plus torturée de leur discographie (de reste, Univers Zero se fît un peu plus connaitre par son biais), "Heresie" me renvoie indirectement à un certain "Absinthe" de Naked City, ou, de manière plus évidente, aux français d'Art Zoyd. Rien que pour la première piste, cet album mérite d'être écouté, sorte de lente et progressive montée en puissance dans l'horreur et la tétanie. Les instruments, fourbes et assassins dans leurs éclats fugitifs comme des poignards dégainés, virevoltent et mutilent la raison à mesure que le temps s'écoule gouttes à gouttes, au rythme saccadé de Daniel Denis. Un très, très bon trip.

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10/03/2010

Two Trains - Two Trains (2004)



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Beyond Dawn - Revelry (1998)



Now I am a drug
But you may pretend
That your eyes are clear and your senses are true
And your mind is a faithul friend


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05/03/2010

Savnock - Theophany (2009)



Intéressant. Voilà un Black Metal technique, auto-proclamé "avant-gardiste", foncièrement hermétique (deux pistes de 22 minutes en moyenne), saisissant aussi bien par sa production que par son écriture, très organiques, sans oublier son inspiration voilant et dévoilant tour à son tour son origine. Inspiration aux racines plongeant au coeur de cette sobre pochette, dont la source semble renvoyer à la liberté première, métaphysique, du Néant à faire advenir ce qui est ; sorte de liberté mé-ontique, incréée, primordiale et inexplicable, dépassant tout entendement humain. Dès la première piste, tout commence un bain de nappes sourdes, hors du temps. Puis la blême lueur des clochettes fends l'abîme aux vagues rumeurs, aussitôt engloutie par les ténèbres, à elles-même révélées. Le Néant laisse alors place au Quelque Chose, l'espace sonore s'emplit de riffs névralgiques, fruits d'une volonté, grain délicieux, âcre et millénaire, tantôt coalescents et compacts, tantôt plus atmosphériques, toujours poignants, étudiés et mystérieux.

Par cet espace clôt que circonscrit l'œuvre d'art, par cette Tabula Rasa radicale de toute rationalité et de séparation faite entre le signe et l'image se déroule un mystère insondable, ce qu'il me semble être un processus théogonique aux multiples ramifications instrumentales. C'est à dire : l'apparition de l'Être à un Néant lui préexistant, condition originelle de sa venue (coucou Böehme !). Ce même fondement ineffable qui, imprimant aux énergies gisant au sein de l'Etant, vase clôt du multiple, sa marque, son irréductible principe d'irrationalité en tant qu'éternel ressaisissement des ténèbres, provoque une dynamique de terreur s'exacerbant à mesure que l'auto-distinction des forces s'opère au sein de la divinité, alors engagée dans sa prise de conscience propre. En gros, les riffs convulsent, syncopent, mugissent, explosions orbitales en surplomb des gouffres ; saisissent à la fois de leurs rétractions et de leurs dissonances lointaines, âcres, comme d'un contrepoint nostalgique sonnant aux membranes de l'âme.

Angoisses, colères, agonies souffrées, longues plaintes déliées en lancinances d'un Ailleurs, vertiges d'une représentation dont la chute abaisse la trame du temps, entrecoupées de gouffres aux lumineux violons (des samples quoi) ; voilà ce que Savnock carde et brode sur cette toile, mêlant Black Metal plus ou moins progressif et Dark Ambient minimaliste. Étonnant qu'ils soient Américains, tant leur musique me paraît Allemande...

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04/03/2010

The Tear Garden - The Last Man to Fly (1992)



Le nom de The Tear Garden accroche peu, sonne comme celui d’un side-project oublié, et la réalité n’est pas différente : un seul concert, un public très restreint, peu de reconnaissance. Pourtant Tear Garden tient davantage du supergroupe puisqu’il rassemble deux noms prestigieux : le très prolifique chanteur et songwriter Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots et comme acolyte, un autre artisan des textures, alchimiste des acides et cracheur de fumerolles psychédéliques, cEvin Key, la moitié de Skinny Puppy. Tear Garden est resté (dernier album en 2009), Ed et Kevin s’entendaient trop bien, et cela s’entend, et particulièrement sur ce The Last man to fly qui est un set d’improvisation studio. Vous vous attendez à des idées éparses noyées dans des nappes de synthé ennuyantes ? Mais c’est raté : il pleut des kilos de sonorités génialement articulées, tout est organique, rien n’est essayé, tout s’écoule et nous imbibe, nous submerge. On reste dans un style plus proche de LPD que du chiot malingre : pop industrielle fumante et raffinée, dandy et romantique, mais aussi schizophrénique et menaçante.

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Bogus Blimp - Rdtr (2004)



Le chant du cygne d'une formation bizarre au possible, emblématique du label Jester Records. Bogus Blimp effectue ici un franc revirement de ses racines rock, qui rappellera à certains celui opéré par Ulver sur leur Perdition City. Les deux galettes ont d'ailleurs souvent inspiré la comparaison. Mais là où la nature insidieuse du Ulver s'exprime dans ses courbes polies et des beats bien sharp comme il faut, Rdtr, lui, refuse le spectaculaire au profit d'une forme brumeuse et d'un propos plus sous-terrain encore. Le regard visionnaire de nos cowboys avant-gardistes est tourné vers un horizon chargé de nuages électriques et de zeppelins menaçants, alors que, sur terre, la police se poursuit elle même au milieu d'usines désaffectés - gare à ne pas se faire choper par le Ministry Of Police Affairs, sous peine de se faire infliger un interrogatoire psychanalytique pour le moins inconfortable. Épopée urbaine injectée de cauchemars Freudien, Rdtr est une perle dystopienne et absurde, touchant autant au sublime qu'à l'étrangeté la plus tordue.

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Meredith Monk - Dolmen Music (1981)



De la musique pour le matin du monde, pour celui dont les pieds ont encore la racine qui fouille la tourbe quand le soleil se lève pour embraser et ensemencer tout ce qui se porte à son regard. Dolmen Music, c'est les chants qui célèbrent cette naissance, qui s'étonnent pour la première fois en voyant ces pulsions qui couvrent nos corps et les propulsent dans le monde. En suivant ce sens, la musique de dame Monk est animée de joie pure, de puissance et d'amusement (la ballade dans le jardin d'Eden sur les trois premiers tracks). Puis, se rassemblant, émergeant de l'ombre pour former les premières sociétés druidiques, les chants se soulèvent et s'intriquent, s'unissent (le massif titre eponyme). Entre-deux, ce moment d'hésitation, de contemplation, de tristesse (peut-être par peur de quitter son solipsisme, ou par attraction pour l'abysse, pour le repos, le thanatos) avec l'incroyable titre Biography qui fera défiler votre vie sous vos yeux.

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