07/03/2011

Skullflower - IIIrd Gatekeeper (1993)


Petite gourmandise que ce IIIrd gatekeeper, certainement l'un des meilleurs moments dans la discographie plutôt épaisse de Skullflower, formation ayant vu officier en son sein des membres aussi impopulaires que Stephen Thrower de Coil ou Philip Best de Whitehouse, composée d'un seul membre fixe, Matthew Bower, active depuis 1985 et encore de nos jours après une petite pause en 1997 puisqu'on lui doit un double album de black/noise (!) sorti pas plus tard que l'année dernière. Ce n'est pas de celui-ci dont je vais parler dans quelques instants, mais bien d'un de leur premier album, un beau brûlot de noise rock sombre et incontrôlable qui mérite au moins un peu d'attention.

Brûlot qui, s'il s'avère forcément moins abrasif que les autres sorties plus récentes, n'en reste pas moins étonnamment sauvage. Un véritable paradis aux fondements rock finalement assez primitifs qui s'offre aux amateurs de feedbacks, de larsen et d'autres sonorités divines et bruyantes qui abreuveront leurs oreilles jusqu'à plus soif et même plus encore, les amplis intarissables de Skullflower déversant en continu leur fiel, enflammé comme un jet de napalm par une étincelle électronique introduisant tout les morceaux ou presque, feedback qui donne véritablement corps à chacune des pistes, que cela soit en enveloppant d'essence noire les articulations distinctes d'une basse rocailleuse qui serpente insouciante les murs infranchissables de sons acérés, en cascade de feu judicieusement soutenue dans l'éther par des patterns de batteries diaboliquement simples, gavé d'effets, de wah-wah furieuses, dans le magma secoué de trémolos déchaînés ou tout simplement noyé dans le bordel ambiant, quand vient le moment de relâcher la pression accumulée et d'envoyer la sauce. Plus encore que l'atmosphère ténébreuse générale du bousin, ce sont ces moments chaotiques qui donnent la forme des choses à venir dans les futurs Infinityland ou Strange Keys to Untune God's Firmament, depuis le quasi-black Larks Tongues jusqu'aux incantations de Spoiler, au psychédélisme latent qui pourrait parfaitement annoncer un album comme Orange Canyon Mind, autre grande réussite du groupe dont je parlerai prochainement histoire que votre lampe à bulles ne prenne pas trop la poussière. En attendant je recommande vraiment l'écoute de celui-ci, attention prise de risque, à ceux enthousiasmés par l'excellent Aun VII présenté par l'un de mes éminents collègues, aux amateurs de Sunn, Earth et cie, ou aux gens comme moi qui adorent coller leurs grosses tronches près de l'ampli avec le gain et la reverb à fond. M'kay?

A noter pour ceux qui en veulent encore plus, que le suivant, Obsidian Shaking Codex, même s'il est à mon sens un poil moins intéressant - et encore- que son grand frère, continue sur la voie du feedback indomptable, des drones et des montagnes de bruits guitaristiques pour quelque chose qui s'écarte encore plus des quelques vestiges de structures qui perduraient sur gatekeeper.

Acheter ici ou là.

1 commentaire:

  1. Ce disque est vraiment bon, plus vivable que ce à quoi je m'attendais; et rien que la première piste avec son riffing pachydermique et ses jaillissements délétères de feedback qui se tordent en volutes, fumeroles et autres torsades éthériques, déboîte. Maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'il y a un peu de Skullflower dans Aun. En tout cas, j'aime beaucoup.

    RépondreSupprimer