12/08/2010

Scorch Trio - Brolt (2008)



Ah Scorch Trio, probablement le meilleur power trio free-jazz/rock made in norvège à m'être passé entre les oreilles ces derniers temps. Cette fois-ci Helge Sten (Deathprod, Supersilent) s'occupe du mastering, quant à la démarche old school propre aux norvégiens, elle demeure inchangée : sans fard aucun ni overdub, enregistrement analogique 100% live, microphones vintages... Avec Raoul Björkenheim aux grattes et à la viole de gambe (? viola da gimbri ?), Ingebrigt Haker Flaten à la basse et aux triturations électronique ainsi que Paal Nilssen-love aux sections rythmiques, Brolt est la signature musclée et intense d'un langage musical totalement libre, très dur et brut de décoffrage, aux fulgurances et à la fièvre omniprésente. L'impact "émotionnel" (nous dirons : physique, tant le bidule avoine sévère) n'est, quant à lui, absolument pas en reste. Très clairement situé dans l'héritage d'Hendrix ou du Miles Davis électrique (Big Fun, Bitches Brew), Brolt déroule 6 improvisations à l'apeurante densité, aux idées se bousculant si vite les unes à la suite des autres qu'on ne sait même pas ce qui risque de tomber la mesure d'après. Dense, donc, et chaotique : de quoi renvoyer tous les groupes de War BM dans les jupons de leur maman. Tout juste reconnaît-on dans l'urgence de "Hys" l'esquisse nerveuse d'un rock anguleux reprenant sur sa phase terminale quelques couleurs bluesy, dans "Basjen" les belles mais inquiétantes modulations de textures d'une viole électrisée, sans oublier "Geba" et ses motifs saisissant de beauté atmosphérique... pour repartir dans l'incandescence la plus éblouissante et haletante. Loin donc de se complaire dans une catharsis à l'hermétisme fatiguant, c'est dans une résonance et une complémentarité des plus parfaites que le trio nous livre son témoignage le plus diversifié, complet, abouti (même si j'ai un faible indéniable pour l'éponyme), et, par voie de conséquence, le plus apte à traverser l'épreuve du temps.
Très, très chaudement recommandé donc.

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