27/10/2010

Dødheimsgard - Supervilain Outcast (Moonfog 2007)


Orange fluo et vert Matrice. Je veux du fun et du qui tabasse. Des collants moulants et des slips sur le pantalon, des justaucorps trempés dans les marais de Dantooine. Je veux des usines désaffectées, des fauteuils de PDG en décomposition, des zombies nazi radioactifs et des engrenages géants broyeurs de Charlot. Je veux Internet et ses légions de pop-ups fétichistes, la Pravda néo-post-pré-kantienne, et Zuckerberg sur un ring de la WWE. Du sperme et de la sueur, du cyanure et de l'aspirine, des jihadistes sous narcoleptiques et des cyber-rebouteux kabbalistes steampunk.
Je veux une batterie en plastique et une basse élastique. Blast-beats et mid-tempos, cassures rythmiques à la con, groove your toxic streets, modofoko. Je veux un chanteur qui se craque vraiment la voix, des chœurs léthargiques et des riffs pestilentiels. Je veux des corpsepaints multicolores. Je veux le retour de DHG.

En une phrase : Introvert sadist mindfucker.

Pour les amateurs de : Mayhem, Thorns, Code, The Kovenant, Aborym.

Buy

19/10/2010

Paysage d'Hiver - Nacht (2004)


























« Beaucoup voulurent en vain dire en mots de joie la joie suprême. Ici enfin elle me parle. Ici, dans le deuil. » Sophocle

Acheter

16/10/2010

Nils Økland - Straum (2000)












































Nils Økland est un artiste fascinant. Violoniste de son état, le hardingfele (sorte de violon traditionnel norvégien) ne connaît aucun secret pour lui : ses modulations épurées donnent, aux morceaux qu'il écrit, leurs textures et leurs motifs diaphanes, nourrissent de leur matière sonore des atmosphères tantôt aériennes et insaisissables (ah, "Månelyst", "Straum" et "Skystudies"), tantôt sombres et menaçantes ("Understraum" et son harmonium au grondement terrifiant), toujours contemplatives et profondément poignantes. Il vînt même jusqu'à s'illustrer en live avec Supersilent, "The Wire Session Live" qui fût retransmis par la BBC Radio 3 dans le courant de l'année 2000. "Straum" donc. Økland livre ici un diamant transgenre, finement ciselé, au carrefour de la musique traditionnelle norvégienne et de la musique contemporaine. Accompagné de l'ethnomusicologue Sigborn Apeland à l'harmonium et au piano, de son frère Torbjorn Økland à la trompette et à la guitare acoustique ainsi que de Pal Thorensten à la contrebasse, tous s'attachent à conjurer brumes et épiphanies matinales, miroitements à la surface des lacs (clichés über alles !) et mélodies douces-amères (la magnifique "Gråtaslag"), que la délicate voix d'Asne Valland vient illuminer (les stupéfiants "Svev" et "Var", beaux et justes à en pleurer). Jamais cordes de l'âme n'auront vibré avec tant de tendresse.

FLAC / Achetez

15/10/2010

LHD - Limbs of the Fawns (2006)
















Le moustachu allemand avait raison : nous sommes bel et bien entrés dans l'ère de l'anarchie, du chaos atomistique et de la dispersion des forces. John Wiese, pilier de la harsh-noise américaine et Phil Blankenship, directeur du label Troniks, viennent, avec ce "Limbs of the Fawn" produit par l'excellent label Misanthropic Agenda, d'en modeler le constat total, brut, manifeste. Incomparable : seules trois immersions dans ce bain d'énergie pure me suffirent pour comprendre que ce "Limbs of the Fawn" faisait partie des tous meilleurs albums de harsh-noise jamais produit ; qu'un tel déchaînement cataclysmique afférent au genre pouvait être, tout entier, sous-tendu par une vision artistique pleine, stimulante, jouissive. Véritable chef d'œuvre, ce "Limbs of the Fawn" est à rapprocher du fabuleux "Walks With Me" de Jason Crumer en terme de qualité ; rapprochement qui les fait tous deux trôner au dessus de tout ce qui a bien pu (ou peut bien) se faire chez les adeptes du sado-masochisme sonore, complaisance stérile en option dont on se passera bien, dorénavant...

L'unique piste de cet album s'impose alors comme une expérience unique, physique, harassante même, mais dont la fascination instillée croîtra à exacte proportion de l'effort, que dis-je ? de l'endurance qu'il vous faudra fournir pour vous y immerger, pour la pénétrer et faire corps avec elle.

Mur de son colmaté pendant 36 minutes, sans aucun répit ni silence salvateur, la densité de la masse sonore qui s'abat sur vous et vous fige sur place semble, à première vue, rester statique, immobile, indifférenciée tant le déluge sonique s'opère de façon vertigineuse, indistincte, tant ses congestions internes dilacèrent à un rythme insoutenable une trame sonore perpétuellement créée et recréée, chaotique. A première vue seulement. Car à mesure de l'écoute et de l'écoulement des secondes, à mesure que le regard, plongeant toujours plus avant dans ce bain de matière, initialement aveuglé, perçoit de plus en plus clairement, par étapes, comme de phosphènes après éblouissement ; ce qui semblait trouble et incompréhensible gagne alors en acuité ; chaque détails, chaque agrégats sonores forment alors des strates, chaque strates évoluent et forment des lignes de forces disparates, et là, s'ouvre un univers d'extrême prolifération et de matière dispersive, brute, concrète, dans laquelle on évolue avec un étrange délice, une ivresse de contemplatif observant ces évolutions instables, ces compénétrations et ces reliefs mouvants, immergés que nous sommes dans ce ciment aux distensions et aux particules en mouvement perpétuel. Extraordinaire et inoubliable : LHD, l'art brut et l'art brutal comme manifeste d'une beauté toute aussi rêche et insoumise.


FLAC / Achetez

14/10/2010

Hespèrion XXI - Diaspora Sefardi : Romances & Musica Instrumental (1999)





















L'anthologie Diaspora Sefardi poursuit le projet humaniste d'Hespèrion XXI : sauvegarder ; quelque naïf et beau que soit l'idéal de sauver une musique essentiellement orale et improvisée en la "fixant" sur CD et en "figeant" cette mémoire culturelle ; musique et mémoire qui étaient, rappelons-le, choses originellement mouvantes, actualisées au jour le jour, sans cesse réinterprétée pour l'une et contextualisées pour l'autre dans le quotidien d'un peuple ; de sauvegarder, dis-je, un héritage musical menacé et, peut être, déjà moribond.

Cette anthologie déploie ainsi un large éventail des chansons et romances des séfarades d'Orient, de ces juifs espagnols qui, expulsés en 1492 par décret royal des couronnes de Castille et d'Aragon, émigrèrent vers l'Afrique du Nord, l'Empire Ottoman, le sud de la France ainsi que l'Orient Méditerranéen, en général. Au fil de ces pérégrinations et de ces changements de cadres, se développèrent une langue, une littérature et une musique séfarades, une culture à part entière, laquelle, si elle s'enrichissait effectivement d'une somme d'apports culturels non négligeable (culture arabe/nord-africaine, grecque, turque, bulgare, roumaine, serbo-croate, bosniaque etc) n'en préservait pas moins ses traits fondamentaux, spécifiques : l'identité juive et la conscience de ses origines hispaniques. Un véritable syncrétisme donc, que l'adaptation des thèmes manifeste clairement : la magnifique chanson d'"El Rey de Francia" se trouve être, ainsi, l'adaptation d'une ballade grecque ; lorsque la bouleversante "Porque llorax blanca niña", de plus de 15 minutes, se révèle être une fusion du thème paneuropéen du "Mariage contrarié" hispanique avec la ballade grecque de "la Mauvaise mère". (dixit le livret, très bien documenté et rédigé également en Catalan !)

J'aimerai croire que cette musique - parmi les plus belles et plus pures qui soient, tandis ce qu'elle éclot et enivre de sa plasticité épurée des scories du temps -, par le fait même d'être mise en CD et en circulation, ne témoignerait pas, quelque part, de sa mort. Le sort de la musique traditionnelle comme de la culture orale est sombre, et son appropriation par le numérique est peut être (sans doute) illégitime en ce qu'une telle assimilation l'exproprie de l'espace et du temps dans lesquels elle faisait sens. Un tel post nourrirait donc une illégitimité au second degrés, une illégitimité avec exposant. Une illégitimité malheureuse, tant il est vrai que cette musique fait partie, comme je l'ai dit plus haut, des plus belles et émouvantes que j'ai jamais entendues.

"[...] Beaucoup de ces chansons ont servi comme simple chant de distraction, pour accompagner les moments d'oisiveté ; mais d'autres eurent des fonctions plus spécifiques pour accompagner des moments de cycle liturgique ou vital [...]. Avoir aujourd'hui le plaisir d'entendre ces chants judéo-espagnoles -alors que le monde traditionnel séfarade ne vit plus que dans quelques précaires survivances- n'est pas seulement une invitation à jouir de leur musique et des histoires que nous racontent leurs textes, mais aussi une invitation à réfléchir sur le fait que des exilés ont su durant des siècles maintenir une tradition propre (juive et hispanique), qu'ils ont enrichie grâce au contact et la vie commune auprès de multiples cultures bien différentes".


Acheter

12/10/2010

Trist - Hin-Fort (2007)
















































Alors ok : le deuxième disque purement Dark Ambient, avec ses multiples samples "horrifiques" chie un peu - beaucoup - dans la colle. Ah ces samples, qu'est ce qu'ils peuvent nous gonfler à sans cesse repomper Yamaoka et Silent Hill, c'est tellement prévisible que, viscéralement, ça en devient répulsif. Arrêtez avec ça ! Ça n'a jamais fait aussi gay depuis que les branleurs de CMI s'en sont emparé pour l'assaisonner à toutes les sauces. A l'exclusion cependant de la piste "Licht Aus !", aka la composition la plus tétanisante jamais créée dans le style : Digne d'un Tho-so-Aa transcendé, au grain sonore livide, insaisissable, ou encore d'un Deathprod prodigue en bruits blancs bien dévastateurs, cette piste est un aérolithe à elle toute seule, relativisant d'un seul bloc toutes les mesquineries précédemment émises.

Mais alors les mecs, en ce qui concerne le premier disque, Benjamin Köning montre que ce n'est plus du sang qui court dans ses veines, mais bien plutôt du liquide de refroidissement pour fusée ! C'est bien simple, en plus de 5 ans d'arpentage de la scène, j'ai JAMAIS, au grand jamais entendu un truc analogue. "Hin", c'est une unique piste d'une heure ; une heure d'ambiant black hypnotique et intense à en crever la gueule ouverte. Elle débute dans un bain de nappes instables, halos livides aux compénétrations incessantes. Ça sent le granulateur à plein nez. Et, excusez-moi du peu, mais quelles nappes... atonales et non-mesurées, d'une texture proprement stupéfiante, elles absorbent infailliblement le regard et triturent le cerveau, valse de vents cosmiques et de souffles from outta'space. Tenues en suspens après quelques minutes, ces dernières laissent émerger un discours extrait du documentaire "Story - I am a Space Person", s'achevant sur ces mots : "It's the real Art, Art to drop yourself ... perfectly."

Puis c'est la déflagration, la propulsion verticale, brutale, ahurissante. Et là, dites-vous un truc : là où Darkspace nous tenait en haleine avec trois riffs, là où Paysage d'Hiver nous transportait avec deux, Trist, lui, nous soulève jusqu'aux étoiles et nous fait voyager, extatiques, par delà l'espace et les constellations, avec une note, une putaingue de note fuzzy maintenue NON-STOP, véritable mur de son impénétrable, statique (le voyage se fait si vite qu'il nous semble l'accomplir immobile, même expérience que chez Lustmord), sous-tendu en fond, occasionnellement, par des lignes de grattes aux courbes mélodiques délicieuses. La production permet de distinguer entre les différentes couches; l'impact est ébouriffant, restera à tout jamais gravé au fer rouge dans les mémoires. Réparties aux endroits-clés de la progression, des nappes d'ambiant plus mélodique, typée Berlin School, viennent se greffer, colorant un tout au psychédélisme extrême, sans concession.

Hin / Fort / Acheter

09/10/2010

Gnaw Their Tongues - All The Dread Magnificience of Perversity (2009)




















Holy shit. Ainsi donc, voilà ce qu'on peut faire avec une basse désossée, des overdub nauséeux et un gueulard coercitif. La bande-son rituelle, cataclysmique pour mystiques accro aux pratiques sado-bondage. Souterrains aux affaissements soulevant scories et vapeurs jaune pisse, grosses macérations noise, litanies obscènes et glorieuses... GTT n'a pas changé, ou si : plus accessible, sans doute, sans rien enlever à la démarche du propos, toujours aussi abrupt, retentissant et ample. GTT est une pathologie, pathologie tirant de l'ignoble le substrat d'une beauté odieuse, inqualifiable à exacte proportion de l'effroi qu'elle inspire. Et "All The Dread Magnificience of Perversity", de rester son travail le plus intéressant. On a pas fini de déglutir en écoutant ce bidule.

FLAC / Acheter