27/02/2011
Sepvlcrvm - Hermeticvm (2010)
Pour un premier coup d'essai, c'est, sinon un coup de maître, du moins une entame extrêmement prometteuse pour ces droneux Italiens. Pensez donc : "Hermeticvm", avec l'alléchante et drolatique justification promotionnelle, par Paradigms Recordings (what else ?), d'une série aussi limitée - et d'ors et déjà épuisée, évidemment ("Due to the esoteric nature of it's hidden knowledge, this arcane item is strictly limited to 100 copies only", traduction : budget failed !), ne pouvait qu'exciter mon intérêt. Et ma foi, naviguer au gré de ces 60 minutes miraculeusement fluides et riches ne m'a pas donné tort. Loin de là.
L'essai consiste en trois improvisations maousses de 20 minutes en moyenne, rudes et recueillies toutes à la fois, que l'on pourrait sobrement qualifier de "bad trip occulto-ritualiste surpuissant", alchimique sans aucun doute (la sympathie d'une décoction d'herbes hallucinogènes avec l'unité divine ?!), pléthore d'instruments en sus multipliant les textures, les couleurs et les effets aux oreilles du disciple avide qui ne demande, on le sait, qu'à faire sauvagement corps avec le sacré. Il faut dire qu'avec ce jeu de drones guitares aquatiques, épaulé par ces trompettes, cloches, orgue, xylophones, incantations tantôt soupirées, tantôt s'élevant à gorges déployées, lorsque les montées en puissance et les ressacs instrumentaux s'y prêtent; créent une matière sonore dense, profuse, relativement homogène, charriant dans ses allées et venues maintes iridescences, maints chancellements et distorsions spatio-temporelles. Dans certaines de ses sonorités et son approche "ambient ritualiste", elle pourrait renvoyer l'alerte auditeur au projet finlandais Halo Manash (le côté "100% natural sounds" en moins cela dit).
Mais qu'elle soit riche n'implique pas nécessairement qu'elle soit immersive. Ô joie, immersif, "Hermeticvm" l'est, et cela à plus d'un titre. Une de ses particularités, me semble t'il, consiste dans l'effort à préserver, tout du long et sans nécessairement faire "saillir" une structure claire et distincte, un certain "équilibre", comme si, au cours d'un rituel théurgique particulièrement tordu, on s'acharnait à maintenir un juste milieu entre deux excès, oscillant entre quiétude instrumentale, silences, chuchotements furtifs, et déchaînement mystique; acheminements purs, lumineux, gorgés d'échos, et montées en puissance irrésistibles suivies de grosses embardées noise dans ta face (le chaos de la transe en direct live), qui débouchent sur de pétrifiantes épiphanies sonores, condensant l'espace/temps en d'irréels et aveuglantes minutes, qui débordent, submergent, et saturent tout d'un trop-plein de signification... La tempête engendrée par l'orgue du dernier Motus est à tomber à la renverse. Pas sûr qu'il reste beaucoup de copies sur Aurora Borealis.
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26/02/2011
Nordvargr - For the Blood is the Life (2007)
Ouais on va causer vampires. Par contre tu peux troquer tes Twilight contre dix Molosses et un Dracula, parce qu'il s'agit certainement là du meilleur album qu'ait pu sortir le comte Nordvargr sous ce nom, en occultant ses sorties MZ.412 et les collaborations avec Merzbow (Partikel). Galerie de portraits captivants en l'honneur de cette figure légendaire et universelle du draineur de vie, griffes dehors, moi dents, dedans..
Pardon, un album monstrueusement hémophile donc qui abandonne en partie le dépouillement glauque parfois un peu trop facile qui servait de toile de fond à Vitagen ou Awaken pour glisser vers quelque chose de plus puissant, de plus organique, au pouvoir d'envoûtement qui force le respect. On y plonge tout entier comme dans un bain - de sang, bien entendu - chaud, et on s'y laisse sombrer, pour se laisser envahir par une torpeur à la fois voluptueuse et inquiétante.
Bande sonore d'un songe fiévreux, sans fin, qui craque et ronfle comme un vieux cylindre de cire, hanté d'une présence spectrale irréelle. Vous incarnerez la victime consentante d'un cauchemar électronique fait de nappes amples, profondes et enveloppantes, rythmées, agitées de beats minimalistes, battements de cœurs contaminés, et jeux de glitchs hypnotisant dont Nordvargr a le secret. Ténèbres rougeoyantes, oppréssantes mais suaves. Rien d'assez brutal pour vraiment rompre le charme et révéler au rêveur blêmissant l'affreuse vérité qu'il ne parvient à entrevoir -sans toutefois la saisir - qu'à travers des échos éphémères, des apparitions subreptices et d'étranges fluctuations.
Difficile de résister à l'étreinte lugubre de toutes ces figures, tantôt rubicondes, tantôt livides, qui se succèdent et se sustentent de votre corps assoupi sur la mousse du caveau, goule spirituelle aux dents acérées ou suceur émacié aux appétits lubriques, tous acteurs d'une danse macabre hallucinante, rêverie morbide s'achevant sur le départ du dernier monstre pas encore assez plein de votre substance -notez avec quelle subtilité mon inconscient évoque la puissance érotique, qui se volatilise sournoisement dans le vent d'une nuit d'été, en quête d'une nouvelle proie plus fraîche.
Ash Ra Tempel - Ash Ra Tempel (1971)
Hambourg, mois de mars 1971. Trois jours durant, trois hippies en jeans baskets, sorciers de leur état, déchaînèrent les forces occultes sur la surface du globe, évènement qui devait rester, aujourd'hui encore, sans commune mesure. Manuel Göttsching, guitariste d'exception et leader du groupe, accompagné d'un Schulze inébranlable aux percussions, tout fraîchement sorti de Tangerine Dream, ainsi que d'Hartmut Enke à la basse, respirèrent, ces jours-là, l'air d'autres planètes. Émettons une platitude, une saine et salutaire platitude - car nul, en ces lieux de débauches sensorielles, ne doit ignorer la venue du Très-Haut, l'investiture au trône du Serious Fucking Business et de tous les trônes et discothèques du monde connus et à venir : ce disque n'est pas un disque. C'est un aérolithe. Considérez le "monstre", ainsi qu'on le qualifiait à l'époque : deux faces. Deux morceaux, 20 minutes en moyenne. Face A, "Amboss" : propulsion verticale, hendrixienne, incandescente et improvisée, pour ce nul part, "là" où l'air manque et où la pression te vaporise; terrifiante dilatation/expansion du soi rompant en une seule et unique déflagration ton principium individuationis de punaise. Et, dans cet ahurissant maelström de feedback, d'effets d'échos et de soubresauts de wah-wah(tu la sens, ma pédale CryBaby à 12:50 jeune pédé?!), de tout abîmer dans le feu. Face B, "Traummaschine" (ma préférée, sans doute) : découverte de continents astraux et de tombeaux égyptiens en environnement fermé, claustro mais incompréhensiblement vastes, où le disciple, de nuages empoussiérés qui se soulèvent en filaments arpégés de toiles d'araignées électriques, de sépulcrales plages électroniques en litanies mystiques étirées et lointaines, d'échos de gouttes d'eau ruisselantes en émergences soudaines de solo criant leur panique, comprend que le tombeau d'Ash Ra Tempel se referme (s'effondre ?) sur lui. Vous n'en reviendrez pas, captifs de toute éternité. Allez en paix.
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25/02/2011
Kuxan Suum - Kinich Ahau (2010)
J'en ai connu des releases obscurément occultes, crûment, passionnément cinglées. Mais là, laissez-moi vous dire qu'on en tient une de sacrément cramée, le genre de piste fucked-up du début à la fin qui t'fait écarquiller des yeux, éberlué par ce qui te passe entre les oreilles. Et je baise mes pots (quelles salopes ces pots). Avec ces 17 minutes, Kuxan Suum pourrait être aux ricains ce que Vucub Came serait aux français, pour te donner un ordre d'idée. Seulement, là où Vucub Came t'empoissait l'esprit avec son ritualisme tout droit sorti d'un caveau maya, Kuxan Suum donne dans un registre odieusement aigüe (surtout ces premières minutes aux arpèges électriques, gare aux malheureux frappés d'hyperacousie), parfois distinct dans ses breaks mais chaotique as fuck dans ses emballements/débordements, qui n'arrêtent pas de déployer des filaments de grattes réverbérées qui s'étiiiiiiiiiirent en ponts stellaires transperçant les nuées, effets en sus, si bien que tu te retrouves au cœur d'une tempête supersonique furieusement psyché, crade, et totalement barge. Bon, la voix peut gonfler, elle fait très Silencer (on peut pas être parfait non plus). Par contre ce groupe ferait parti d'une espèce d'Inner Cercle local (Californie du Sud), le Black Twilight Circle, qui regrouperait une poignée d'artistes de cette trempe (un split 6-ways incluant Ashdautas, Volahn, Arizmenda, Kallathon et Axeman, intitulé "Worship Black Twilight" est sorti en 2009 sur le label Crepúsculo Negro/Vukub Kaquix - http://vukubkaquix.bigcartel.com/). Après vérification, semble que ce soit souvent le même mec. A surveiller de près, donc.
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Procyon-X - The Ghost of Orion (2007)
Paradigms Recordings a eu le nez creux en signant Procyon-X, projet de l'allemand Markam. D'emblée, cette musique se distingue toto coelo de celle, plus darkwave, de Vervamon, son projet principal. Ici, on embrasse Schulze, Tangerine Dream (Zeit) à bras ouverts, tendus vers les constellations, le silence pur des immensités et les colonnes de gaz multicolores. Évolutive, travaillée et maîtrisée de A à Z (on nous épargne les nappes foutues en brouillard de fond fixe et répétées ad nauseam), voilà un beau travail de synthèse qui sait éviter le stéréotype des infrabasses lustmordienne/nordvargrienne ou du glucose mélodico new-age, pour un univers sonore tout à fait fascinant, avec cette part de mystère fleurant bon le "reviens-y" et cette concision du propos n'admettant aucune longueur (30 minutes tout au plus). Spécial mention au dernier morceau, qui fait chanter son sonar d'une fort belle manière sur fond de pulsations rythmiques from outta'space, un peu à la Hearth in Mouth. Vous savez chez qui toquer (encore, toujours, jusqu'à ce que mort s'ensuive) pour vous procurer cette petite merveille.
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Yrsel - Requiem for the 3 Kharitees (2010)
Singeons Mallarmé :
- "Tels, en froid sanctuaire, s'amassent ces drones mouvants : calmes blocs qui ici-bas portent, là, érodent, muettes processions, de l'endeuillé la conscience; désorienté quant au commencement, la fin de certains riffs, projeté de dures parois en pâles scintillations, ainsi qu'en lit de noir granit matière, esprit, cristallisant, fusionnent, bien plus dès que sonne, pendule pianistique d'une note l'autre oscillant, la stase du temps empierré... stupeur lorsqu'apparaît, du ruisselant abîme, la Perte, obombrante épiphanie ! Julien Louvet (The Austrasian Goat), C.J Larsgarden (Ondo) : un requiem pour la Divinité abolie, les rites que ne recueillent plus les cinéraires amphores, les temples, vides du seul objet dont l'Oubli cèle l'advenu..."
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21/02/2011
Demian Johnston & Mink Stole - Trailed & Kept (2011)
USA
Debacle Records
Bandcamp
RYM
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Extrait audio:
♫ Virgin Piles
J'avoue, j'empiète sur le territoire de certains de mes collègues avec cet article. Ce Trailed & Kept est un album proprement monstrueux de drone-noise à tendance metalleuse lointaine. Une bête difforme et haineuse, recroquevillée dans l'alcôve la plus sombre d'un cauchemar de solitude. Ce son a de la crasse sous les ongles, et je ne vous parle pas de ses dents. Il suffit de regarder la pochette pour s'en faire une idée. L'album a aussi une face cachée, pas encore lumineuse, mais fragile et résignée. Et il y excelle autant que dans la brutalité. Plus surprenant encore, l'équilibre entre ces deux extrêmes est parfait, symbiotique. Et puis, il y'a surtout ces putain de murs de son: abrasifs, impitoyables.
Aes, hpl, ça devrait vous plaire.
Debacle Records
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RYM
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Extrait audio:
♫ Virgin Piles
J'avoue, j'empiète sur le territoire de certains de mes collègues avec cet article. Ce Trailed & Kept est un album proprement monstrueux de drone-noise à tendance metalleuse lointaine. Une bête difforme et haineuse, recroquevillée dans l'alcôve la plus sombre d'un cauchemar de solitude. Ce son a de la crasse sous les ongles, et je ne vous parle pas de ses dents. Il suffit de regarder la pochette pour s'en faire une idée. L'album a aussi une face cachée, pas encore lumineuse, mais fragile et résignée. Et il y excelle autant que dans la brutalité. Plus surprenant encore, l'équilibre entre ces deux extrêmes est parfait, symbiotique. Et puis, il y'a surtout ces putain de murs de son: abrasifs, impitoyables.
Aes, hpl, ça devrait vous plaire.
20/02/2011
Acid Mothers Temple - Electric Heavyland (2002)
Alors ok. Typiquement le genre d'album qui ferait passer pour grises et triviales mes expériences oniriques les plus dingues, à base d'omniscience divine ou d'expansion du moi sur un plan infini. On doit cette came à une bande de hippies barbus (!) et accessoirement japonais (!!) fortement influencés par le psychédélisme fin sixties et le krautrock allemand. Ça, rien qu'aux titres vous deviez déjà l'avoir deviné. Maintenant: AMT, Japon, space rock, drug music, tout ça donne quelques idées sur ce à quoi on est en droit de s'attendre. Oh oui. Du space/noise rock ahurissant d'intensité et complètement dingue, overdose d'overdrive, cul dans le cosmos et plaisir des sens en trois grosses doses.
Allumez votre lampe à bulles, laissez un peu de lumière pour prévenir le bad trip, installez vous confortablement dans votre fauteuil en moumoute orange et croquez à pleine dents dans ce fruit aux couleurs bariolées. Ne vous laissez pas tromper par le chant faussement enfantin et étrangement distant de ces choses sans visages qui flottent à proximité, dans quelques secondes vous serez propulsé façon fusée dans une autre sphère de conscience où il faudra faire une croix sur tout ce qui vous servez de repères en habituellement. Pour un temps les choses qui vous ont accueilli vous serviront de guide avant de se dissoudre et de s'abandonner elles aussi dans cet indicible chaos, brouhaha étourdissant où les improvisations hendrixiennes sans commencement ni début fusent comme des comètes, se vautrent dans ce bain coloré de matière vivante électrique, frottent la voûte des percussions pour émerger et exploser à nouveau dans un déchaînement d'éruptions wah-wah et de râles euphoriques.
Inutile d'essayer de comprendre quoi que ce soit. Vous n'en aurez pas le temps. Contentez vous de jouir. Dépêchez vous de peloter les sirènes de l'espace aux formes généreuses - elles vous le rendront bien - avant de devenir complètement gaga de bonheur, cogné de plein fouet par une rythmique écrasante, qui roule sa caisse au milieu de son cortège de fulgurances non identifiées, et anéanti par une nouvelle charge crescendorgasmique encore plus fiévreuse que la précédente.
Lessivé, vidé, euphorique et à bout de souffle, il vous faudra résister à ce qui semble être un méchant retour de flamme au début de "Phantom of galactic magnum", mauvaise vague qui s'abat pour vous punir d'avoir joui de tant d'extases. Fausse angoisse, c'était juste une façon de garder le meilleur pour ceux qui était vraiment prêts à communier corps et âmes avec le monde fantastique d'Electric Heavyland. Pour parler crûment, putain d'orgiaque.
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Wraiths - The Grey Emperor (2009)
Là où l'impressionnant Plaguebearer t'engloutissait pour te recracher en confettis dans des flux et reflux bien badasses, The Grey Emperor, lui, démarre et dure sur une pulsation mystérieuse, pleine d'échos et de menaces à venir, durant 25 minutes, au début desquelles on se doute bien que le ton donné est au suspens, à la tension et aux nerfs mis à vifs lorsque des radiations stagnantes tantôt grondent, tantôt s'engouffrent en vents glaciaux, avant de se muer, pour le reste de l'heure, en une respiration monstrueuse, continue, ressac magmatique baignant et dissolvant toutes choses sur son passage, rehaussée par moment d'un rythme auquel on adjoint un léger flanger, de modulations aigües et autres sonorités indéfinissables; et tout ça, sans vraiment verser dans l'ultra-violence défonce-tympan. La classe quoi. Intense, maîtrisé, amoureusement confectionné, The Grey Emperor est à acquérir. Vous aussi, brisez le sceau.
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19/02/2011
Aun - VII (2010)
Coucou impromptu au business ! (eye'm still watching you brotha !) Ayant enfin reçu le bébé, j'm'en suis tracé un rail pas plus tard qu'hier soir, main gauche portant le jack daniel's aux lèvres et doigts de pied en éventail. Et décidément, ça aurait été vache de ne pas vous en faire profiter, à vous, spectre hâves et émaciés, consumés par votre soif de drug music... car ce VII du québécois Aun se pose comme un petit nirvana en soi, l'équivalent massif, texturé et dronien des finlandais Dark Buddah Rising, le p'tit feeling Amon Düülien en moins pour un truc plus incandescent, distordu et frontal, potards dans le rouge et tout amplis dehors, jouant sur les strates et les couches, un peu genre Menace Ruine qui aurait délaissé ses hardes de néo-mystiques médiévaux pour une collusion avec le shoegaze, ouais, ou alors Nadja qui ferait du gringue à Jesu.... au menu de ce matin : bacchanales fuzzées, orgies de feedback à en donner le vertige, drone guitares aux enchevêtrement craspec et aux dérives ambient, propulsées par une rythmique heavy de bon aloi... tour-à-tour tellurique et céleste, Aun vous soulève dans la stratosphère de ses colonnes électroniques mirifiques, bien kösmisches dans l'âme, pour mieux vous dissoudre dans ses brouillards enfumés, micro-tempêtes chaotiques sur lit de distorsion. Gare à la descente.
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14/02/2011
L'Acephale - Malefeasance (2009)
Les enfants, je sais que le genre est loin d'être sous-représenté ici, mais voilà tout de même pour les amateurs de bizarreries bruyantes encore un peu de black metal tendance experimental très original et pas rigolo pour un sou. Et du genre vraiment méchant pour le coup. Vicieux, malsain, nihiliste, plus true que n'importe quelles merdes estampillées LLN, aussi ésotérique que [insérer ici une référence à un ordre hermétiste pour faire bien], cru comme steak tartare. Une liste d'épithètes très classiques il est vrai, mais loin d'être galvaudés. Les plus mauvaises langues pourraient demander si il s'agit vraiment d'un album de black dont il est question, et elles n'auront pas forcément tort: Le matériel utilisé est de nature très variée, et entre les choeurs rituels monotones, les instants néofolks louches, les stridences et les superpositions de couches sonores noisy qui virent très vite au Pandemonium, les éléments black se fondent pour ainsi dire dans la masse.
Mais la parenté est incontestable. On a ici affaire à quelque chose de sombre et de radical jusqu'au bout des ongles. Pas de chichis, pas d'artifices, pas de compos torturées, ni de développements complexes et chiadés, pas même de belles textures à inhaler. La production, crade ET plate ne met absolument rien en valeur. Tout est, à l'image des mains qui se contorsionnent sur la pochette, dégénéré, laid, redondant, incroyablement statique. Mais c'est pour mieux t'écorcher, te corroder, te détruire mon enfant, tout minimaliste et dépouillé qu'il est, pour ça il est redoutable.
Car c'est de cet ascétisme pervers qu'il tire toute sa puissance maléfique. Les premières écoutes du monstre, pour le dire franchement, peuvent se révéler assez frustrantes voir presque insupportable, la faute à cette inquiétante absence de dynamique et à cette malignité qui s'épanouit de façon si surprenante dans un terreau qu'on jurerait stérile. Pour reprendre les dires d'un grand homme, l'apprivoiser n'est pas une mince affaire, mais le résultat en vaut le détour. La voilà la malfaisance. Huhuhuhuhum.. Est-ce que c'est bien raisonnable tout ça?
Rien à voir avec la musique, mais outre le très beau livret, je signale que les paroles de "Sleep has his house" sont du sieur David Tibet, ce qui n'a rien d'étonnant. Je ne sais pas pour mes collègues, mais ma prochaine marchandise sera un peu plus... colorée? Pas de flac pour cette fois, mon bel Internet ayant décidé de jouer à cache-cache.
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