10/12/2010
Murmuüre - Murmuüre (2010)
Alors là les mecs, accrochez-vous à vos slips, car question enregistrement tordu ça se pose là. A l'heure où Burzum chie dans la colle avec un dernier album merdique au possible, Murmuüre vous sort l'enregistrement BM le plus COOLOS de l'année. Désinvolte mais irréductiblement louche et douteux, transversal quoiqu'intègre, viscéral MAIS viral sous toute ses coutures - comme d'un poison hallucinogène, faussement glucosé quoiqu'indubitablement kitschoune, directement injecté dans ta veine jugulaire, aux effets aussi contradictoires que guts on da'table : langueur, nausées, extase, frénésie, rictus fendant ta face gazéifiée façon bouillie cosmique (spiralée, la bouillie) dans l'aube scintillante des boucles synthétiques (les "Torch Bearer" et "Disincarnate", saisissants). Ouais, rien que ça et bien plus encore ; Murmuüre, c'est avant tout une ode à l'onirisme parasitaire et dispersif, lo-fi tourneboulant tes neurones à grands coups d'ondes écharpées et de claudications rythmiques. Et ça fait du bien. Vraiment.
Non mais matez-moi st'allure ! D'la riffaille fuzzy, texturée, fruit d'improvisations, lambeaux disjoints et décharnés se superposant en d'improbables couches, qui à leur tour laissent émerger de monstrueux embryons mélodiques ; une distorsion âcre et retorse, crachin dissolvant ; des cuts dans tout les sens venus rompre les schémas d'écoute conventionnels ; un pianotage ambient mélodique (Eno potache et teenage s'excitant sur du matos déglingué) baignant ce météore noisy de piscines d'arc-en-ciels baveux ; sans oublier ces plans de batterie chaotiques (tantôt BAR, tantôt live) et de guitares, enregistrés séparément à des moments et/ou dans des lieux différents, qui viennent se compénétrer dans une orgie sonique goulue, onirique, psycho-foutraque (pour ne pas dire capharnaümatraumatique) complètement barge ! Chacun de ces éléments se fond, fusionne et se reverse l'un dans l'autre dans une intégrité et une densité psychédélique à nulle autre pareille, imprévisible, incontrôlable, tour-à-tour abstraite et charnelle (et charnue, ô combien ! la couenne est épaisse et généreuse). Ça ne ressemble à rien de connu, la typicité sonore est totale, la singularité itout.
Et ce patchwork insaisissable, overdubbé à ras-la-gueule (je sais pas comment le gus s'est démerdé pour lier toussa en un tout écoutable et cohérent, mais chapeau) regorge de moments épiques, il y en a même à foison ! genre l'intro flûtée de "Primo Vere", suivie d'une litanie vocale équivoque se modulant peu à peu en aigües électriques, "Améthyst" et ses vocaux surplombant l'épilepsie sonore, l'"Adieu au Soleil" dans l'intégralité de ses 6 minutes surréalistes et fiévreuses as fuck, qui inverse la pesanteur dans une déflagration ritualistico-BM te propulsant cul par dessus tête dans l'espace multicolore, parmi les poissons fushias têtes-de-mort et les baobabs célestes... obsédant, obsessionnel, impulsif et compulsif, rituel et bancal, WTF² et plus entier que ma caboche après ma cortectomie routinière, nul doute qu'après avoir pondu un truc pareil, ça sera dur de maintenir la barre au top niveau... car pour un coup d'essai (oui oui), c'est bel et bien un coup de maître.
Buy or die / FLAC
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Yeah! Pour moi c'est définitivement l'album de l'année, de la folie pure, et c'est d'autant plus incroyable que c'est une première sortie comme tu le précises. Juste comme ça, mais je trouve qu'il réside dans ce truc une [cruelle] ironie sous-jacente, une espèce d'amertume non avouée qui se manifeste presque clairement pendant certains motifs (les deux /incarnate), et ça me laisse sans voix. Anyway, bien joué!
RépondreSupprimerWao! Ca m'a l'air terrible ça!!! (et pourtant j'aime pas du tout ce genre de groupe en temps normal). Merci pour la découverte ;)
RépondreSupprimerBon alors, malgré la prose préalable, le musique est conséquente. Simer.
RépondreSupprimerProse inconséquente ? Voilà comment le type définit sa musique : "All the Murmuüre material is based on a one hour guitar improvisation from November 2006. The selected parts were then further edited to fit a rythmic structure, and merged with additional layers of sound. The percussions are a mixture of the original programmed drums, and some (extremely re-edited) additional live drumming performed by H. in 2008. Vocals were recorded during a cathartic trance at a sacred place in the forest, with a mini-disc recorder. Being almost inaudible in the music, they're strictly conceived as a vocal sigil technique, a vehicle for intent." Cette musique, c'est du chiqué dès le départ.
RépondreSupprimerAh l'imposture ... Quel est l'objet principal de la musique : la création ou le créé ? Tu as fait ton choix : la création. Les autres choisiront.
RépondreSupprimerTu entends ça Aes? Nous choisirons. Putain d'album que voilà en tout cas!! Je ne m'attendais pas à ça! Merci bro.
RépondreSupprimerBon, ben j'ai passé ma commande! Sacré come-back que tu nous fait Aes. En fait l'intro flûtée du premier morceau, je me demande si je ne l'ai pas déjà entendu dans un film japonais, ça semble tout droit sorti de Kwaidan, ou quelque-chose dans ces eaux-là.
RépondreSupprimerVrai ? Si tu pouvais en être sûr, ça serait super giga cool car je rédige un papier plus posé et digeste pour un site où je compte le mettre en avant, toutes les infos sont bonnes à prendre :)
RépondreSupprimerÇa va être sacrément dur à vérifier ça! En tout cas c'est tout à fait typique.
RépondreSupprimerBelle chronique, bravo. La pépite de l'année (avec BlackJazz) pour ma part.
RépondreSupprimerMerci de m'avoir fait découvrir cet album, c'est assez génial. Pour ce qui est de l'intro du premier morceau:
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=jEPfB41MQIs
Ah ouais! C'est tout à fait inattendu. En fait la musique apparait dans Salo apparemment. Merci pour l'info.
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