26/02/2011

Ash Ra Tempel - Ash Ra Tempel (1971)





















Hambourg, mois de mars 1971. Trois jours durant, trois hippies en jeans baskets, sorciers de leur état, déchaînèrent les forces occultes sur la surface du globe, évènement qui devait rester, aujourd'hui encore, sans commune mesure. Manuel Göttsching, guitariste d'exception et leader du groupe, accompagné d'un Schulze inébranlable aux percussions, tout fraîchement sorti de Tangerine Dream, ainsi que d'Hartmut Enke à la basse, respirèrent, ces jours-là, l'air d'autres planètes. Émettons une platitude, une saine et salutaire platitude - car nul, en ces lieux de débauches sensorielles, ne doit ignorer la venue du Très-Haut, l'investiture au trône du Serious Fucking Business et de tous les trônes et discothèques du monde connus et à venir : ce disque n'est pas un disque. C'est un aérolithe. Considérez le "monstre", ainsi qu'on le qualifiait à l'époque : deux faces. Deux morceaux, 20 minutes en moyenne. Face A, "Amboss" : propulsion verticale, hendrixienne, incandescente et improvisée, pour ce nul part, "là" où l'air manque et où la pression te vaporise; terrifiante dilatation/expansion du soi rompant en une seule et unique déflagration ton principium individuationis de punaise. Et, dans cet ahurissant maelström de feedback, d'effets d'échos et de soubresauts de wah-wah(tu la sens, ma pédale CryBaby à 12:50 jeune pédé?!), de tout abîmer dans le feu. Face B, "Traummaschine" (ma préférée, sans doute) : découverte de continents astraux et de tombeaux égyptiens en environnement fermé, claustro mais incompréhensiblement vastes, où le disciple, de nuages empoussiérés qui se soulèvent en filaments arpégés de toiles d'araignées électriques, de sépulcrales plages électroniques en litanies mystiques étirées et lointaines, d'échos de gouttes d'eau ruisselantes en émergences soudaines de solo criant leur panique, comprend que le tombeau d'Ash Ra Tempel se referme (s'effondre ?) sur lui. Vous n'en reviendrez pas, captifs de toute éternité. Allez en paix.

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1 commentaire:

  1. Chronique hypostyle übercoolos qui fait honneur à ce monument du krautrock, merci monsieur!

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