10/05/2011

Pan Sonic / Keiji Haino - Shall I Download A Blackhole And Offer It To You (live in Berlin, 15.11.2007)

























Sur le papier, cette collaboration entre le duo finlandais Pan Sonic et le japonais Keiji Haino m'a fait saliver comme un beau diable. Dans les faits, je serais un peu plus retenu : pour commencer le rendu sonore est pour le moins... étrange (on est loin de la prise directe, et ça s'entend), ensuite, et malgré l'orientation d'ensemble au demeurant très ambient, les parties noise/power noise de Pan Sonic sont parfois assez difficiles à digérer (quoiqu'il n'y ait rien de vraiment inécoutable en soi), surtout au regard de l'ahurissante qualité de ce qu'ils proposent sur le V avec Merzbow, moins marquée ici. En revanche, ce qui met en valeur cette performance, c'est une fluidité générale qui enchaîne naturellement les différents climats, avec une matière souvent diffuse, ambient, parfois brute, physique qui en émerge : le duo finlandais donne dans un abrasif certes rugueux et déconcertant, mais qui apporte suffisamment de contrastes, de dynamique, de variété pour ne pas devenir tout à fait rebutant. Des pulsations rythmico-ionisées rappelant la période Kulma/A aux hurlements de signaux qui vrillent puis se torsadent sans pitié ; des compressions de nappes en blocs de matière brute qui vous écrasent aux déchaînements sursaturés de bruits blancs de la piste finale, où tout explose dans une frénésie abrutissante, le quota des temps forts est bien rempli. Soutenus par les hurlements rageurs de Haino et ses murs de son "impactant" à la gratte, ils en deviennent souvent jouissifs. Mais ces derniers sont contrebalancés par une ligne directrice plus strictement ritual-ambient où, moyennant certains leitmotivs bien définis, trois ou quatre pistes, en un jeu d'échos récurrents, finissent par se répondre entre elles, tracer une certaine progression. Haino n'est pas avare en litanies et autres jeux de gorge angoissants, posés sur des climats électroniques aux modulations menaçantes quoique plus retenues, tout du long hantés par le spectre d'une sorte de flûte traditionnelle convoquant les brumes du passé, d'accords acoustiques doucement égrenés, surnaturels ; ainsi que par les touches froides, veloutées de mystérieux synthétiseurs rappelant un peu Supersilent (5ème piste)... avant de déboucher sur l'éreintante épiphanie finale, très, très perturbée. Au demeurant assez riche et fascinant, j'ignore si ce live, du fait d'un son vraiment bizarre et de moments assez fatiguant pour ce qu'ils ont à dire, durera très longtemps chez moi. A essayer, car dans tous les cas, il vaut vraiment la peine d'y jeter au moins une oreille.

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1 commentaire:

  1. "surtout au regard de l'ahurissante qualité de ce qu'ils proposent sur le V avec Merzbow"
    Ah oui, quelle dérouillée celui-là.
    D'ailleurs en fait je ne connais pas celui avec Pan Sonic. Vais jeter une oreille dessus.

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